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La Tortue
Silence, silence,
Dame tortue vers nous s’avance.
De sa maison qui se balance
Avec prudence
Elle sort le cou.
Puis elle marche à petits coups,
Si bien qu’on dirait qu’elle danse.
Son œil reptilien dévisage
Et note tout sur son passage.
Alors, de sa lèvre cornue,
Faisant une moue dédaigneuse,
Négligeant la feuille charnue,
L’infatigable voyageuse
Cahin caha, caha cahin,
Parcourt les allées du jardin.
On la dit têtue ou obtuse ;
Mais moi, je sais bien qu’elle ruse.
Dans sa tête qui dodeline
Des pensées venues d’un autre âge
Pas à pas, comme elle, cheminent,
Porteuses d’un vieil héritage,
Cahin caha, caha cahin,
Le long des allées du jardin
Est-ce indifférence ou sagesse
Qui t’a fait traverser le temps ?
Enigmatique, tu progresses,
Dans ton univers nonchalant,
Identique et toujours nouvelle,
D’un pas de vieille demoiselle
Cahin caha, caha cahin,
Le long des allées du jardin.
Tes vertus, qu’on nomme patience,
Vigilance et persévérance,
Accompagnent tes moindres pas.
Et tu vas, ta longue existence,
Entre rêve et réminiscence,
Sur la voie de la connaissance
Avec prudence,
A petits pas.
Silence ! Silence !
Michèle Puel Benoit