PRINTEMPS
La tige du rosier, mousseuse se balance
Indolente au carreau qu’elle éclaire soudain.
Tout célèbre au jardin du printemps l’insolence.
Que le ciel nuageux l’accueille avec dédain ?
Cet hôte envahissant résolument s’installe,
Transformant le chiendent en pelouse d’Eden.
Déjà, du forsythia sont tombés les pétales ;
Le cerisier porte les fruits de son aïeul
L’olivier ; l’abricot pare son flanc d’or pâle,
Bientôt, nous rêverons à l’ombre du tilleul.
Vois, la terre se fend sur les pousses nouvelles
Rouges du dahlia, vert tendre du glaïeul !
Une rose incarnat, ô ma fleur éternelle !
Ourle son corselet d’un parfum délicat.
Le rossignol roule sa voix sur la tonnelle.
L’hiver, l’hiver a fui avec son reliquat
Sa cohorte d’ennuis. Mon esprit s’émerveille
Et mon corps s’alanguit ignorant les tracas.
Demain, l’air vibrera du bourdon de l’abeille,
Demain, le vieux noyer s’ornera de chatons,
Explosera le vieux muret sous la corbeille,
Mon cœur, mon cœur, sauras-tu lors suivre le ton ?
Pourrai-je retenir le brin de la fileuse ?
Saurai-je encor frémir au vol du hanneton ?
Goûter la figue fleur à la chair savoureuse ?
Réjouir mon palais du premier chasselas ?
Ö ! Que reste en mes yeux l’image chaleureuse
Du mauve enchantement de l’odorant lilas !
Michèle Puel Benoit