BROUILLARD
Ouate, la brume s’effiloche
Aux buissons roussis par le froid.
Vainement le regard s’accroche
Le doute fait naître l’effroi.
Ouate, la brume s’effiloche
Tout ce qui fut lointain s’approche
Niant l’espace que je vois.
Dans cet univers de fantoche
Le murmure efface la voix.
Tout ce qui fut lointain s’approche
Craintive, une sonnaille tinte
Qu’avide l’oreille perçoit.
Le chéneau sanglote une plainte
Qu’ivre la citerne reçoit
Craintive, une sonnaille tinte
Une âcre opacité d 'absinthe
Envahit mon âme et s’assoit
Sur des pensées en demi teinte
Dont la banalité déçoit.
Une âcre opacité d’absinthe
Le brouillard recouvre la terre
De son linceul de désarroi.
Seul, du vieux dolmen solitaire
Emerge le songe d’un roi.
Le brouillard recouvre la terre
La vapeur sournoise oblitère
Souvenir, conscience, émoi,
Et mon cœur se meurt délétère
Dans l’amère image du moi
La vapeur sournoise oblitère…
Michèle Puel Benoit