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Le Figuier de Bertille

image S’il est un arbre cher aux méridionaux par sa rusticité et la générosité de sa production, c’est bien le figuier.
D’ailleurs, ne trônait-il pas autrefois dans chaque jardin, chaque cour, et même dès qu’il le pouvait devant l’entrée de chaque demeure.
Son tronc lisse et gris, ses feuilles palmées et râpeuses à l’odeur fraîche en même temps que poivrée, ses fruits charnus où perlait parfois la goutte qui garantissait leur pleine maturité, en faisait le complice idéal des mille petits riens dont la somme toutefois, finit par constituer une longue vie d’homme.

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Le figuier qui avait poussé devant la porte de Bertille, nul ne savait plus comment il y était venu. Sans doute le vent, souvent violent dans nos régions, y avait-il déposé une graine, qui avait rencontré là les conditions favorables à son éclosion.
De fait, et sans que personne ne s’en doute, Bianca, la chèvre blanche de Bertille, n’était pas étrangère à sa germination. En effet, Bertille, lorsqu’elle était enfant, possédait une chèvre, blanche et si proprette qu’elle n’aurait au grand jamais voulu salir sa litière ; aussi, tous les matins, laissait-elle, dès qu’elle sortait, à droite du seuil et toujours au même endroit, un joli chapelet de crottes qui à force avait fumé le terrain. Bertille, quant à elle, par souci d’hygiène, s’empressait d’enfouir la production dans le sol d’un coup de binette, puis de laver à grande eau un devant de porte qu’une bonne ménagère se doit de toujours tenir propre.

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Cela se passait dans ces temps lointains où, dans les villages de la plaine, chaque famille possédait une chèvre pour sa consommation de lait quotidienne.
Tous les matins, le pâtre du bourg sillonnait les rues, agrandissant son troupeau de moutons de ces chèvres journalières qu’il menait paître dans les prés salés. Le soir, il les ramenait repues de saladelles et d’herbes parfumées, le pis gonflé d’un lait crémeux.
Donc, la graine, grâce aux bons soins conjugués de Bianca et de Bertille, avait éclos, donnant bientôt naissance à une tige munie d’un bourgeon blanc, lequel, au printemps, s’était fendu sur la plus jolie et la plus délicate feuille de figuier qui soit. Et Bertille un beau matin s’était trouvée propriétaire d’un vigoureux petit figuier, qui, elle l’espérait bien, ornerait et ombragerait bientôt son seuil.

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Or, si le premier bourgeon de l’arbre avait ravi et transporté de joie la fillette, dès la pousse des rameaux adjacents, elle avait cependant commencé à se poser des questions. Non que l’arbre ne la satisfasse pas à cause d’une odeur inhabituelle, ni que son tronc n’ait pas la douceur lisse des autres figuiers ; mais, lorsque les feuilles s’étaient mises à pousser, si elles offraient au regard la forme palmée attendue, leur couleur en revanche paraissait des plus insolites.
Vous me croirez si vous le voulez, mais les feuilles du figuier de Bertille étaient toutes d’un bleu tendre, qui avec le temps allait virer au turquoise.
Vous pensez bien que les commentaires ne se firent pas attendre : 
- Es pas un figuiér, paurette, es un armolh ! (ce n’est pas un figuier petite c’est une mauvaise herbe) ou bien :
- Quand fara de figas serai Papa !  (quand il fera des figues je serai Pape)ou encore :
- Un figuiér ? De que sios encora ana inventar ! »( un figuier ? Qu’est-ce que tu es allée encore inventer ?)

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Il faut vous dire que dans le village, Bertille passait pour simplette et ce, depuis sa naissance.
Quand Marie avait mis au monde cette enfant sans père, tout le monde avait poussé les hauts cris, d’autant que Marie était morte en couches gardant son secret.
Léonie, la grand’mère, avait élevé l’enfant du péché par devoir plus que par amour. Et cette dernière, comme pour se faire oublier avait été d’une sagesse exemplaire : jamais elle ne pleurait dans son berceau, elle se contentait de gazouiller, de sourire aux anges et d’ouvrir de grands yeux bleus étonnés sur le monde.
L’enfant avait grandi ; mais dés qu’elle avait su parler, les propos qu’elle tenait avaient paru dérangés sinon dérangeants aux oreilles de tous.
En effet, la candeur de Bertille, lui permettait de voir les choses et les êtres au-delà de leurs apparences, et comme elle était dotée d’une égale franchise, elle ne pouvait que faire part à haute voix de ce qu’elle était bien la seule à avoir aperçu.
Certes, tant qu’il ne s’agissait que de remarques sur les saisons ou le temps, cela n’avait pas grande importance, mais lorsqu’elles révélaient des vérités insoupçonnées seulement de l’ensemble de la communauté sur un de ses membres, alors tout le village était en émoi.
Car, rien n’est aussi redoutable que le jugement porté sur celui ou celle dont on sait qu’il a transgressé les lois.
Faute non exposée aux yeux de tous, est toujours pardonnable !
Or, Bertille avait le don ingénu de mettre au grand jour ce que d’aucuns voulaient cacher.
Aussi, sa grand-mère et les malheureux concernés n’avaient eu d’autre solution que de faire croire que l’enfant n’était rien d’autre qu’une petite niaise.
- Que voulez-vous, une petite qu’on sait même pas qui est son père et qui a pas de mère pour l’élever, elle peut être qu’un peu dérangée ? Pas vrai ? 
C’est ainsi donc que s’était faite la réputation de Bertille «Peuchère ! Une magnaguette un peu fadourlette ! »

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Or, Bertille, qui ne possédait pas une once de méchanceté, avait pris la chose avec sérénité.
Puisque déjà par sa naissance elle était un être à part, elle prit plaisir à cultiver cette originalité, qui, somme toute, la protégeait d’une société, pas toujours très intéressante à fréquenter pour elle qui en décelait le moindre travers.
Alors de simplette elle devint sauvageonne, et lorsqu’elle eut obtenu la permission de mener paître Bianca toute seule, passa son temps à courir la campagne.
Le berger, lui, se passa volontiers de la compagnie de la chèvre blanche dont il craignait que l’esprit frondeur n’en vînt à perturber son troupeau tout entier.
Car, autant sa maîtresse était naïve, autant la biquette était d’un naturel soupçonneux et rancunier, veillant à ce que personne ne cause quelque tracas que ce fût à sa protégée.
Alors, dame Nature offrit à l’enfant privée d’affection, toutes ses richesses.
C’est ainsi qu’à l’âge de sept ans Bertille connaissait tous les fruits sauvages comestibles de même que les saladettes et les herbes à tisane : son instinct infaillible lui permettait également de reconnaître les champignons les plus recherchés et notamment les truffes ! Mais lorsqu’elle se trouva un beau matin face à un figuier aux feuilles bleues, elle fut un peu désorientée ; car, elle pressentait bien que cet arbre avait quelque chose de magique, mais elle ne pouvait deviner quoi.

***

L’arbre grandit : un rameau, puis deux, puis trois, puis quatre. Un an, deux ans.
Au bout de la troisième année, seule la couleur de ses feuilles présentait une originalité qu’on venait voir de partout à la ronde.
Puis, vint le bourgeon porteur de fruit : Il était rose. La figue fleur en juin fut rose indien tandis que celle de septembre était d’un rouge vif.
Oh ! La première fois, il ne produisit qu’un seul fruit, que personne n’osa goûter, pas même Bertille !
Les uns par crainte de s’empoisonner, la petite fille parce qu’elle le trouvait trop beau pour être mangé.
Mais dès la cinquième année, la production fut assez conséquente pour attiser les convoitises ; d’autant que, les figues fleurs, on ne sait trop pourquoi cette année là, parurent en septembre, tandis que les figues fruits ne mûrirent qu’aux alentours de la Noël !
C’était à n’y rien comprendre !
Les fruits rouges du figuier bleu aux bourgeons blancs furent même l’objet d’une délibération du conseil municipal. Il en ressortit un arrêté, stipulant que tant qu’il n’avait pas été prouvé que les fruits du figuier de Bertille étaient sans danger pour la population, il était interdit d’y toucher !

***

Cependant, pour vérifier, il fallait bien que quelqu’un y goûte !
Monsieur le Maire, et après lui chacun des conseillers sollicités, déclinèrent l’invitation, prétextant mille bonnes excuses :
Le premier avait du diabète, un autre ne supportait pas les petites graines des fruits qui se mettaient sous son dentier, pour un autre ça le ferait «aller du corps », et déjà que…bref, tous avaient de bonnes raisons, quand Monsieur le Maire eut une idée de génie :
- Puisque ce figuier appartient à Bertille il faudrait voir qu’on la privât de goûter la première à ses fruits !  Et tout le monde d’approuver d’une seule voix :
«  Oui, c’est à Bertille d’y goûter la première ! »
Seulement,on décida qu’il fallait que les choses soient faites dans les règles.
Donc, ce fut un dimanche après midi, le vingt quatre décembre, juste après vêpres, et devant tous ses administrés réunis, que Monsieur le maire pria la fillette de goûter à la première figue.
L’enfant, s’approchant alors de l’arbre bleu, cueillit le fruit rouge le plus proche, puis elle l’ouvrit, découvrant aux yeux de tous une chair verte et rose tendre ; enfin, portant la figue à la bouche, elle y mordit à pleine dent.
On aurait entendu voler une mouche !
La fillette mastiqua longuement le fruit, puis eut un sourire béat.
- Alors ? Lui demanda le premier magistrat, quel effet cela te fait-il ? Est-ce que tu te sens bien ?
- Ca me fait que c’est de la bonne figue bien juteuse et que vous devriez tous en manger.
Cela dit, se saisissant d’un panier posé au pied de l’arbre elle se mit à le remplir de figues qu’elle offrit à toute l’assemblée.
Curieusement, il y eut autant de figues que d’habitants.
-  Puisqu’il ne semble pas que ces fruits soient dangereux, vous pouvez tous y goûter, déclara Monsieur le Maire à toutes ces bouches salivant de convoitise.

***

Pendant un moment, seuls furent audibles des bruits de mastication, des claquements de langue et des soupirs de satisfaction.
Puis le silence revint…
Tout à coup, le petit Justin alla vers Monsieur le curé, et lui dit :
 - Dites, Monsieur le curé, c’est moi qui, l’autre dimanche, ai bu le vin de messe dans les burettes et l’ai remplacé par de l’eau teintée.
  - C’est pas bien grave, répondit le curé, on a tous nos petits défauts : Tiens moi, c’est quand je monte en chaire et que je dis : « Mes bien chers frères…. » en sortant mon mouchoir à carreaux ; en fait je me cache derrière, pour priser.
- Moi, dit l’épicière,
- Moi, dit le charron,
- Moi……
Bertille n’en croyez pas ses oreilles, tous les habitants du village, les uns après les autres, après l’ingestion du fruit, venaient s’accuser d’un larcin commis envers la communauté ou l’un de ses membres.
Hippolyte, que le garde champêtre soupçonnait de braconner sans jamais avoir pu le prendre sur le fait, lui avoua enfin la raison du grand parapluie bleu qu’il faisait toujours suivre quel que soit le temps : en fait, la pointe de l’instrument lui permettait de relever sans se baisser les pièges qu’il avait posés à la nuit, tandis qu’il cachait dans la toile repliée le produit de sa récolte. Ce à quoi le garde rétorquait qu’il le savait bien, puisqu’il lui était arrivé d’aller relever les pièges avant lui !
Antoine révéla à celui qui était devenu son beau-père que c’était lui qui, lors du conseil de révision avait, avec tous les autres conscrits, volé les poules de son poulailler et accroché au coq cette pancarte :  «  Je suis veuf depuis minuit ! »

Pour un déballage, ce fut un grand déballage : tout y passa, l’œuf qui disparaissait tous les jours, la rangée du voisin qui se vendangeait toute seule, le papier d’emballage qui se vendait au prix du beafteak, le lait de vache qu’on coupait d’eau, parce qu’il était trop riche et aurait été indigeste !
Rien ne fut omis, tout fut révélé de ces secrets que Bertille croyait être la seule à savoir et qu’avec le temps elle avait appris à taire.
Et quelque étonnant que cela puisse paraître , ces révélations furent accueillies avec le sourire du pardon, à croire que les fruits de l’arbre magique rendaient les hommes meilleurs !

***

Quand tout le monde y fut allé de sa confession et que les rires se furent éteints, chacun s’apprêta à retourner chez soi. C’est alors que Bianca, la tête basse et les cornes en avant, propulsa Monsieur le Maire, qui cherchait à s’esquiver, sur le devant de la scène. Puis menaçante elle se campa devant lui l’empêchant de passer.
Voulant la faire reculer, ce dernier lui écrasa sur le front la figue qu’il tenait dans la main.
- Dis, monsieur le Maire, tu n’as pas mangé ta figue ! S‘écria Bertille
- Oh ! Moi tu sais, les douceurs, avec mon diabète…
-Dis plutôt fit une voix goguenarde que tu as peur des révélations !
Moi ? Peur ? Je n’ai rien à cacher, vous le savez bien ; cela fait vingt ans que vous votez pour moi ! Allez, allez dispersez-vous, il n’y a plus rien à voir, et toi Bianquetta, laisse moi passer.

***

A ce moment là, il y eut un bruissement de feuilles tandis qu’une voix grave s’élevait de l’arbre bleu.
- Tu crois vraiment n’avoir rien à nous dire, demanda la voix, rien du tout ?
La foule entière était frappée d’étonnement : le figuier, le figuier parlait !
Monsieur le Maire lui, ne voulait pas y croire : quand on a fait longtemps de la politique on sait bien que les miracles ça n’existe pas ! Il se mit donc en devoir de démasquer celui qui, caché dans les branches de l’arbre avait décidé de lui jouer un tour.
- Oh ! Ce n’est pas la peine que tu cherches partout : personne n’est caché; c’est bien moi, le figuier bleu de Bertille qui te parle ; aussi, pour la seconde fois, permets-moi de te demander si par hasard tu n’aurais pas quelque chose à nous confesser toi aussi.
….. !
- Allez, parle on est en famille !
- Bon… , alors c’est vrai, aux dernières municipales, j’ai fait voter le grand-père de Justin qui venait juste de mourir.
- Qui te parle de ça ? D’abord, on ne l’a enterré que le lundi, et de toutes façons tout le monde savait qu’il aurait voté pour toi ! Non, non c’est autre chose, cherche.
- L’éclairage public ? Là tu exagères, j’en ai mis le même nombre dans chaque rue,… seulement, devant ma porte, l’ampoule est un peu plus forte.
- Va pour l’éclairage ! Mais encore ?
- Je ne vois plus…
- Veux-tu que je te rafraîchisse la mémoire ?
Tous les regards étaient fixés sur monsieur le Maire dont la belle assurance commençait à s’effriter.
- Souviens-toi, il y a tout juste treize ans…
- Treize ans ?
- Oui, le 24 décembre il y a treize ans.
- Mais, mais… C’est pas le jour de la mort de cette pauvre Marie fit une voix ?
- Si, et celui de la naissance de Bertille ajouta une autre.
- Alors….
- Bon diu !
- Es el !
- Es lo paire !
- Sainte mère de Dieu !
- Cyprien ! Qui l’aurait cru !
- Le fils de Madame Adélaïde !
- Oh !
- Ah !
- Quand même !
Les voix fusaient de toutes parts traduisant la stupéfaction qui était inscrite sur chaque visage.
Un silence d’attente finit par s’installer…
- Alors ? Si tu nous disais.

***

Et Cyprien, blanc comme un linge, parla :
De fait, son histoire était tout à fait banale : avec Marie, ils s’étaient plus, et ils s’étaient aimés, et ce, malgré l’interdiction d’Adélaïde. - Dans ma famille, on ne s’est jamais marié en dessous de sa condition ; elle en veut à ton argent, et ne saura pas tenir sa place. N’oublie pas que tu dois être maire comme ton pauvre père, et même conseiller général ! »
Et lorsque Cyprien avait insisté, disant que Marie était douce et bien élevée, et qu’elle serait une belle fille aimante, Adélaïde avait hurlé, gémi, tremblé à tel point qu’il avait fallu faire venir le médecin pour lui faire une piqûre.
- Mon pauvre Cyprien, ta mère a le Cœur fragile, lui avait dit le médecin, tâche de la ménager.
Alors avait commencé son calvaire : chaque fois qu’il sortait, elle voulait savoir où il allait, qui il rencontrait, et si elle n’était pas satisfaite des réponses, elle s’écriait : «Aie mon cœur ! »
Bien sûr il avait du renoncer à voir Marie, qui d’ailleurs était partie à la ville habiter chez une tante. Elle n’était revenue que pour mettre au monde sa fille et …mourir. Il aurait bien voulu reconnaître l’enfant, mais Adélaïde avait eu une telle crise qu’elle avait failli en mourir lui faisant même jurer de ne jamais le faire, promesse qu’elle lui avait fait renouveler sur son lit de mort. Voilà pourquoi il s’était jeté à corps perdu dans la politique et avait mis toute son énergie afin d’être un bon maire au service de tous. Il pensait d’ailleurs n’avoir pas trop mal réussi puisque à chaque fois il avait été réélu.
Mais il n’avait pas pour autant oublié Bertille !  Aussi, si Léonie voulait être franche, elle parlerait de ce bidon d’huile que « l’huilier » lui donnait chaque mois, et de ce compte qu’elle avait chez le marchand de vêtements qui venait sur la place et qui se soldait sans qu’elle y soit pour quelque chose. Il ne parlerait pas bien sûr de l’argent qui attendait la petite chez le notaire pour quand elle s’établirait.
Lorsque s’arrêta la confession, beaucoup de nez se mouchèrent et de larmes s’essuyèrent furtivement au coin des yeux.
Le méridional est un grand sentimental qui ne veut pas se l’avouer et qui cache son émotion sous la galèjade.
- On est que le vingt quatre décembre et on dirait que le père Noël est déjà passé pour Bertille. Té, Chandrou, et si tu nous le chantais, là, ton Minuit chrétien, sans attendre ce soir à l’église. 
Et voilà que c’était maintenant, les yeux rougis par la forge très certainement, ce grand mécréant d’Honoré le maréchal ferrant, lui qui ne mettait jamais les pieds à l’église, même pas pour les enterrements, qui réclamait le Minuit chrétien !
Décidément le monde marchait à l’envers !
Puis il ajouta, s’adressant pour la première fois en vingt ans à Monsieur le curé :
- Vous n’y voyez pas d’inconvénient Monsieur le curé ? et à Chandrou :
- Et tâche moyen de pas faire ta voix de chevrette que Bianca elle t’encornerait ! 
Ce qui sur le champ déclencha une hilarité générale.

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Si jamais vous passez un jour par le village de Bertille, vous verrez, devant la porte d’une petite maison qu’il ombrage généreusement, le figuier bleu.
Bleu ? Me direz-vous ? Et vous aurez raison , avec l’âge, il a perdu de sa superbe et ressemble assez à tous les autres figuiers ; d’ailleurs il ne produit plus que des figues grisettes en septembre comme tous les autres.
Toutefois, il se peut qu’un soir, les rayons du soleil couchant ourlent ses feuilles de bleu et teignent ses fruits de rouge. Alors, sans trop savoir pourquoi, vous vous sentirez le cœur plus léger, et vous le reconnaîtrez à coup sûr le figuier bleu de Bertille.

Michèle Puel Benoit

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