Assis en rond au pied du grand rocher de la Sauvageonne, ils se regardaient un peu surpris.
- Bien, dit Janou je constate que chacun de vous a bien participé à la constitution du trésor. Tes fossiles Tistou feraient pâlir d'envie le musée préhistorique de Lodève. Je me demande, Tonin où tu as bien pu te procurer toute cette mangeaille, qui me paraît cependant bien entamée.
- Aviai talen !
J'avais faim !
- Passons. Pour ma part j'avoue ne pas être mécontent de mes bâtons , j'ai essayé de les faire à l'effigie de votre totem. Là, Nokomis, il y a le croissant de lune et une étoile. Là, Tonin, tu peux voir un œil qui te regarde ; et sur le mien j'ai gravé les deux cornes du taureau.
- Merce plan Janou lo gardarai totjorn.
Merci bien Janou , je le garderai toujours.
- Merci à toi, grand chef tu es un vrai artiste. Mais c'est pas ta sœur Marinette qui arrive ?
- Si. Planquez tout, puis à Marinette : qu'est ce que tu viens faire ici ? Tu nous espionnes ?
- Moi ? Pas du tout, c'est maman qui m'envoie, elle dit que tu es parti tellement vite tout à l'heure que tu as oublié ton goûter. Tiens le voilà !
- Il y a plus que d'habitude !
- En le préparant j'ai un peu prévu pour les deux autres.
- Merci firent trois voix.
- Et le père te demande de ramener les brebis à temps pour la traite parce qu'après on y voit plus rien dans la bergerie.
- D'accord ! C'est tout ?
- Ben oui, c'est tout.
- Alors tu peux partir. Ici on est entre hommes.
- Entre hommes ! Vous vous êtes regardés ? Qu'on vous presserait le nez il en sortirait encore du lait.
- Perfiéchament, son affaires de droles et pas de droletas !
- Parfaitement ce sont affaires de garçons et pas de filles !
- Bon j'ai compris, je m'en vais.
Une fois Marinette partie , la séance reprit :
- A l'avenir il nous faudra un repaire plus secret.
- L'idéal serait de découvrir une grotte, d'y déposer notre trésor et de le faire garder par un dragon.
- Un drac ? Mas aquò es una bestia malefica !
Un dragon. Mais c'est une bête maléfique !
- HA ! Ha ! Ha ! Un dragon ! Tu lis trop de livres Tistou ! Les dragons ça n'existe pas et encore moins par chez nous.
- Bon ça va si on ne peut plus rêver !
- Et pourquoi pas des animaux qui parlent et qui feraient partie de notre clan tant que tu y es !
- Té ! Aquel gran chot qu'es aqui a nos espiar sul fraisse ! E aqueste conil que se passèja.
Té ! Ce grand duc qui es là à nous épier sur le frêne ! Et ce lapin qui se promène.
- N'empêche que ce serait bien si on trouvait un vrai trésor ! A la bibliothèque de l'école j'ai lu un livre sur ces moines hospitaliers qui avaient des commanderies sur le Larzac et qui, dit-on, auraient amassé et caché des trésors.
- C'est ça ici, sur notre tènement dit Janou.
- Et pourquoi pas ? on y trouve bien des tuiles et des pièces romaines. Pourquoi pas des pièces du temps des Templiers ?
- Pourquoi pas après tout ? Notre nouvel objectif sera de retrouver le trésor des Templiers ! Huggh Sitting Bull a parlé !
- Huggh !
- Huggh ! Aquò plan ditz !
Ça c'est bien dit !.
EPILOGUE
Vous avez bien entendu compris que lorsque Zoïa avait fixé nos amis dans les yeux de son regard intense, elle avait effacé de leur mémoire tous les souvenirs de leurs rocambolesques aventures.
C'est pourquoi nous les retrouvons assis au pied du grand rocher de la Sauvageonne pour leur seconde séance.
Les animaux amis n'y sont plus admis, non qu'ils aient perdu leur faculté de parler, mais parce qu'ils ne sont plus entendus.
Pichounet en sera un temps très malheureux, et se postera le plus souvent possible sur le passage de Janou, au point que ce dernier croira l'avoir apprivoisé. Puis il trouvera épouse et fondera famille.
Momo le grand chot, avec toute la philosophie due à sa race et à son grand âge se fera une raison.
« Lech'hommes, lech'hommes, connaîchent-ils cheulement la vrai réalité de che qui lech entoure ? »
Marquise aura tellement à faire avec une génération d'agnelles particulièrement délurées, et, voyant que Janou n'entendait plus ses conseils avisés, en viendra à se passer de la compagnie des humains pour ne vivre plus que sa vie de brebis meneuse.
Quand à ceux du clan de la jasse neuve du chemin creux à Saint Michel, ils n'iront jamais au rendez-vous du chemin de la Vernède, oublieux qu'ils étaient devenus de tous les différents qu'ils avaient pu avoir avec ceux du village d'à côté.
Toutefois de leurs diverses aventures nos garnements garderont des réminiscences qui leur feront donner des noms aux grands rochers karstiques qui ponctuent notre tènement : Grand rocher gris , Dragon assis seront d'eux révérés, tandis que les pierres à sel leur paraîtront toujours cacher quelque mystère.
J'ignore s'ils ont fini par trouver le trésor des templiers, leurs descendants non plus ne l'ont jamais su .
Leur seule richesse fut d 'aimer, les âpres terres du causse, et de se suffire des ors de ses soleils couchants.
Remerciements
J'aimerais remercier toutes les personnes qui ont permis que ce livre existe.
Tout d'abord mon époux, Claude, pour sa disponibilité, sa patience, son écoute attentive, bien disposée, et cependant critique.
Mes enfants, Mathieu et Magali qui m'ont toujours encouragée à écrire.
Mes quatre petits enfants: Adélie, Léon, Élise, et Solène, pour lesquels, par jeu, j'avais commencé cette histoire, et qui m'ont forcée à la continuer.
Je tiens aussi à remercier mes amis, qui ont bien voulu me lire et me pousser sur les chemins de l'écriture.
J'ai une pensée toute particulière pour Jean-Marie qui m'a fait bénéficier en plus d'une lecture avisée, de sa grande expérience des mondes souterrains, et de ses conseils de spéléologue averti, conseils que je crains de n'avoir pas suivis à la lettre.
Un très grand merci à l'écrivain Jean Frédéric Brun pour avoir bien voulu revoir et corriger un occitan pas toujours respectueux des règles.
Je ne peux avoir qu'une pensée émue quand je pense à mes parents disparus. Je tiens cependant à les remercier ici: ma mère, pour son idée de la persévérance, mon père, poète reconnu, pour m'avoir donné l' amour des mots et le goût de la langue nôtre.
Il ne faut pas que j'oublie, non plus, les êtres ou entités qui, s'étant échappés des contes que j'avais précédemment écrits, ont tenu, à mon insu, à imposer leur nécessaire présence dans ce roman. Qu'ils en soient tous remerciés.
A vous tous donc, je dis merci, avec ma profonde reconnaissance.
Fin